Critiques de Concert


La Quinze Nord, Pierre Lauzon, 04/23/12

"...Le nouveau Quatuor Orford nous a fait la démonstration indiscutable qu'il était digne du prix Opus 2011 pour le concert de l'année en régions et pour le concert de l'année pour les musiques classique, romantique, postromantique et impressionniste. Longue vie à ce nouveau Quatuor!..." Lire le critique complet

La Presse, Claude Gingras, 07/29/11

"...Indépendamment de ces considérations, je dois dire que cet «Orford junior» a atteint, en deux ans seulement, une qualité technique et sonore, une unité de jeu et une densité d'expression qui ont demandé un quart de siècle à l'ancien ensemble..." Lire le critique complet


Le Devoir, Christophe Huss, 07/27/09

"...Les quatre ambassadeurs d'Orford ont préparé ce concert inaugural pendant une semaine. Et, pour un tel laps de temps, le résultat musical fut stupéfiant..." Lire le critique complet

Critiques de CD


Schubert Beethoven CD CoverFranz Schubert: Quatuor à cordes No. 15 en sol majeur, D. 887, Op. 161

Ludwig Van Beethoven: Quatuor à cordes No. 16 en fa majeur, Op. 135

Nouveau Quatuor à cordes Orford


Toronto Star, John Terauds, 08/16/11 (traduction)

Ce quatuor des vedettes hautes puissances de cordes canadiennes interprètent deux des pièces au début de la période romantique qui sont rien de moins électrisantes... Les deux pièces en quatre mouvements oscillent entre l'intimité et la grandeur, l'extraversion et la solitude tranquille. Ces quatre virtuoses à cordes animent chaque note avec une puissance rare et la passion ainsi que l'élégance. Écoutez et pleurez.

4 étoiles sur 4


Classical Music Sentinel, Jean-Yves Duperron, 08/11

"...Ils saisissent impeccablement les niveaux d'expression divers à leur disposition, et aussi leur contrôle de la dynamique partout..." Lire le critique complet

La Quinze Nord

Pierre Lauzon,  04/23/12

Devant une orchestre symphonique, je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais personnellement, je suis toujours impressionné de voir ces musiciens professionnels jouer, souvent très énergiquement, sans verser dans la cacophonie. Bien sûr, il y a toujours un chef d'orchestre en avant pour diriger la circulation musicale. Par contre, c'est toujours impressionnant et stimulant de voir et d'entendre chacun, avec son petit ou son plus imposant instrument de musique, circuler sans incident dans ce trafic musical et nous livrer sans accroc l'œuvre d'un grand créateur.

Samedi soir dernier le, sur la scène des Diffusions Amal'Gamme, à Prévost, ce n'était évidemment pas une orchestre symphonique qui était présente (la scène n'aurait su tous les rassembler), mais un quatuor à cordes. Toutefois, j'ai ressenti les mêmes sentiments qu'en présence d'un orchestre symphonique. Les invités étaient le nouveau Quatuor Orford. Pourquoi nouveau ? Parce qu'il y a quarante-sept ans, en 1965, à l'initiative du camp d'été des Jeunesses musicales du Canada (aujourd'hui, le Centre d'arts d'Orford), naissait un quatuor à cordes qui a eu ses heures de gloire musicale pendant plus de deux décennies. Qui a eu, parce que ce quatuor a présenté son dernier récital en juillet 1991. Près de vingt ans plus tard, ce même Centre d'arts d'Orford a voulu faire revivre ce célèbre quatuor. Il a fait appel à Jonathan Crow, jeune violoniste déjà très réputé, pour faire renaître ce quatuor, emblème de ce Centre de très grande réputation mondiale au niveau musical. Jonathan n'est pas un inconnu à Prévost, puisqu'il est déjà venu, en novembre 2010, faire une prestation avec un pianiste. En 2002, il est devenu le plus jeune violon solo au sein d'un grand orchestre nord-américain, en étant nommé violon solo de l'Orchestre symphonique de Montréal. Comme vous voyez, malgré sa jeunesse, nous ne sommes pas en présence d'un novice, mais bien plutôt d'un professionnel de haut calibre.

Déjà la marche ou le niveau est établi. Pour compléter ce quatuor qui doit relever le défi d'être au moins à la hauteur du premier quatuor autrefois célèbre, Jonathan Crow a fait appel à d'autres pros. Premièrement, à Andrew Wan qui occupe actuellement le poste de violon solo de l'Orchestre symphonique de Montréal. Puis, il y a Eric Nowlin qui est présentement alto solo pour l'Orchestre symphonique de Toronto. Enfin, le quatrième membre du groupe est Brian Manker qui est violoncelle solo de l'Orchestre symphonique de Montréal. Tout ceci n'est qu'un tout petit aperçu de ce qu'ils font, car certains enseignent ou se produisent aussi un peu partout sur notre belle planète. Donc, ce sont des pros de très haut calibre qui nous avaient donné rendez-vous, en ce samedi soir quelque peu hivernal, à Prévost.

Le programme de la soirée n'était pas dans un domaine très familier pour le commun des mortels. Il s'agissait d'œuvres ultimes pour quatuor à cordes de trois grands maîtres, Mozart, Bartok et Beethoven. En première partie, nous avons reconnu l'univers de Mozart, même si l'œuvre en soi nous était généralement inconnue. Puis, le nouveau Quatuor Orford nous a transportés dans un tout autre univers, celui de Bartok, beaucoup plus étrange, ésotérique. Après l'entracte, l'univers de Beethoven sonnait plus facilement à nos oreilles de simple mortel. Donc, trois univers différents, pas toujours faciles d'écoute, en terrain plutôt méconnu.

Au premier abord, cela peut paraître une soirée ardue, pénible même. Ce ne fut finalement pas le cas. Pourquoi ? Parce que voir évoluer ces quatre beaux jeunes hommes qui transpirent de talent, de les voir vibrer musicalement, même dans les moments les plus énergiques, au même diapason, sans un Kent Nagano pour diriger leur petite circulation, cela ne peut que nous étonner ou nous séduire. C'est comme lorsque nous sommes en présence d'un Guy Nadon dans une pièce de théâtre austère, d'une Margie Gillis dans une danse ultra contemporaine ou d'une œuvre d'un grand peintre comme Riopelle. En tant que monsieur Toutlemonde, nous ne comprenons pas toujours ce qui se déroule sous nos yeux, mais nous ne pouvons faire autrement que d'être hautement impressionnés par la haute performance qui nous est offerte. Nous ne comprenons pas vraiment, mais ce n'est pas grave, nous sommes séduits devants ces athlètes de la musique.

Les gens qui avaient répondu très nombreux à l'invitation des Diffusions Amal'Gamme ont très apprécié le très haut standard de qualité et de professionnalisme qui leur a été offert. Notre diffuseur laurentien a été à la hauteur habituelle des attentes de son public en programmant un tel quatuor. Le nouveau Quatuor Orford nous a fait la démonstration indiscutable qu'il était digne du prix Opus 2011 pour le concert de l'année en régions et pour le concert de l'année pour les musiques classique, romantique, postromantique et impressionniste. Longue vie à ce nouveau Quatuor! Celui de 1965 doit être heureux de constater à quel point la relève, notre jeunesse, même musicale, peut être belle.

La Presse

Claude Gingras, 07/29/11

Le Quatuor à cordes Orford fut créé au Centre d'arts du même nom en 1965 et, malgré quelques turbulents changements d'effectifs, exista jusqu'en 1991. Constitué il y a deux ans, le Nouveau Quatuor Orford entend «perpétuer la réputation et la tradition de son prédécesseur», pouvait-on lire dans le programme du concert que l'ensemble présentait lundi soir à la petite Église de Saint-Alphonse-Rodriguez, au Festival de Lanaudière.

Même s'ils n'oeuvrent pas sur le même territoire, Orford et Lanaudière sont des concurrents et les retrouver sous le même toit avait quelque chose de cocasse, on l'admettra.

Indépendamment de ces considérations, je dois dire que cet «Orford junior» a atteint, en deux ans seulement, une qualité technique et sonore, une unité de jeu et une densité d'expression qui ont demandé un quart de siècle à l'ancien ensemble. Ce que nous avons entendu lundi soir était du plus haut niveau et égalait en tous points ce que le Ladies' Morning et Pro Musica nous emmènent de mieux de l'étranger. Les deux violonistes alternent au premier-pupitre et l'idée, reprise de quatuors comme le Emerson, est stimulante. La sonorité souple et expressive du violoncelliste est également à signaler. Une partie du programme de lundi soir avait été donnée ces jours derniers à Orford même et à Lachine. On entend d'abord Blanc dominant, d'Ana Sokolovic. L'oeuvre fut commandée par le Quatuor Molinari, qui la créa en 1998. (Curieusement, ce détail ne figure que dans la partie anglaise (!) du programme.) Le Molinari la reprit au moins deux fois. L'oeuvre de 15 minutes s'écoute encore bien, avec ses glissandos, pizzicatos, harmoniques, «sul ponticello» et autres effets sonores. L'auteur emprunte trop à Bartok cependant.

Les deux principales oeuvres étaient, bien sûr, l'op. 135 de Beethoven et le D. 887 de Schubert (et non 885, comme le donnait le programme). Ces ultimes quatuors des deux compositeurs datent de la même année 1826, leur écriture est audacieuse et ils nous plongent dans un univers à la fois troublé et abstrait. Ce choix indique de la part du Nouveau Quatuor Orford un sérieux que je ne me rappelle pas avoir remarqué chez le prédécesseur.

Une panne de courant survint dans le Beethoven au moment précis où les musiciens allaient attaquer le finale, assorti du fameux «Muss es sein? - Es muss sein!» («Le faut-il? - Il le faut!»). Le concert se poursuivit à la lueur des lampions, puis la lumière revint à la fin du Schubert.

Applaudi et rappelé, l'ensemble a joué un autre Beethoven, la Cavatina du Quatuor op. 130.

Le premier disque du Nouveau Quatuor Orford était lancé à cette occasion. Paru sous la marque Bridge, il réunit les mêmes Beethoven et Schubert.

Jonathan Crow a par ailleurs confirmé qu'il quitte Montréal pour devenir le violon-solo du Toronto Symphony. Il prend son poste dès septembre mais demeurera au sein du Quatuor et continuera d'enseigner pendant quelque temps à McGill.

Le Devoir

Christophe Huss, 07/27/09

Soirée importante et emblématique, samedi, pour le Centre d'arts Orford, avec la naissance du Nouveau Quatuor Orford composé de Jonathan Crow, Andrew Wan, Eric Nowlin et Brian Manker.

Le but premier était surtout de recréer un ensemble pouvant propager le nom et la réputation d'Orford, comme le fit le premier quatuor du nom, entre 1965 et 1991. Les attentes étaient élevées dans une discipline (le quatuor à cordes) où, pourtant, le temps est nécessaire. Par exemple, le glorieux Quatuor Pacifica, entendu la semaine précédente au Domaine Forget, joue ensemble depuis 15 ans.

Les quatre ambassadeurs d'Orford ont préparé ce concert inaugural pendant une semaine. Et, pour un tel laps de temps, le résultat musical fut stupéfiant. Certes - surtout dans le quatuor de Haydn mené par Andrew Wan -, dominaient la concentration et la volonté de démontrer que la confiance était méritée. Mais, au fur et à mesure de l'évolution du Quatuor op. 132 de Beethoven, le Nouveau Quatuor à cordes s'est mis à faire de plus en plus de musique. Nous avons notamment pu y remarquer la conduite impressionnante du Dankgesang, le fameux troisième mouvement, de près de 20 minutes, avec un début sensa vibrato, figurant un no man's land inquiétant.

Des quatre musiciens, c'est Brian Manker qui montre son expérience en cherchant des échanges de regards avec ses partenaires. Ceux-ci sont majoritairement encore un peu rivés à leur pupitre et crispés de vouloir traduire impeccablement la partition. Cela dit, les qualités musicales et instrumentales sont telles que Crow, Wan, Nowlin et Manker, s'ils s'investissent réellement dans le projet, pourront faire des étincelles.

Un petit mot sur le programme, qui se voulait symbolique entre le lever du soleil marquant la naissance du quatuor à cordes (Haydn), le plus beau des quatuors composés par un Canadien (MacMillan) et un chef- d'oeuvre du genre, très exigeant (Beethoven), comme pour montrer d'emblée ce que cette nouvelle formation pouvait atteindre. De ce point de vue, nous sommes rassurés: le Nouveau Quatuor Orford est debonne composition.

Classical Music Sentinel

Jean-Yves Duperron, 08/11

Jonathan Crow (violon), Andrew Wan (violon), Eric Nowlin (alto) et Brian Manker (violoncelle) interprètent cette musique comme si leurs vies en dépendaient, comme si un laps d'attention, une seconde de distraction, un petit affaissement dans la tension, pourrait s'écrouler l'édifice. Ils semblent tenir leurs respirations suspendus en groupe, et sentent le pouls de la musique comme un seul. Ils saisissent impeccablement les niveaux d'expression divers à leur disposition, et aussi leur contrôle de la dynamique partout. Mais ce qui est le plus merveilleux de tout cela, c'est la facilité dont ils réalisent cet effet. Rien sonne jamais forcé ou calculé. Et cette approche exigeante est une constante tout au long de la musique sur ce CD de bout en bout. Ce disque marque l'enregistrement débuts du Nouveau Quatuor à cordes Orford. Bridge Records n'aurait pas pu choisir un meilleur programme pour lancer leur carrière discographique, ni ont-ils pu choisir un meilleur ensemble pour interpréter ce programme. Un match du ciel!